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Genèse des mutations
Depuis 11 ans, mon travail plastique se concentre sur les formes circulaires.
Au début, c’est en matière et peinture que j’exprime mon obsession pour ces formes primaires et immédiates, symboles ancestraux riches de sens pour la multitude des cultures humaines. Interprétations en série d’univers, de cellules en mouvement et de l’incessante répétition du cycle vital, mes peintures « grossissent « au fil des années...
Volumes et matières en expansion sur des surfaces de plus en plus grandes.
Je découvre l’outil informatique lors de mon installation à Paris, en 1995. Je continue à travailler la peinture et parallèlement, je commence le travail sur ordinateur. Cette approche transforme, de toute évidence, la forme de ma réflexion.
En 2001, je fais ce que j’appelle une « année sabbatique d’expositions « afin de me consacrer exclusivement à la création numérique et ainsi matérialiser mon exploration, lui donner corps physique ...
Mon travail prend alors un caractère «virtuel» et les oeuvres qui en naissent sont le fruit d’une sorte de mutation inévitable de la matière à la texture numérique.
La masse, le grain, le jeu de transparences de couleurs superposées se métamorphosent en essence, pixels et motifs originaux déformés, saisis en mouvement dans un temps de mutation déterminé. Ces variantes numériques de la matière même de mes tableaux prennent alors corps en mouvement, espace, temps et lumière et s’émancipent, autonomes, en mutations virtuelles, multiples et intangibles.

Étapes mutationnelles
Je prends pour base de départ les photos de quelques-uns de mes tableaux présentés lors de l’exposition 'Explorers of vertigo' [2000].
En suite, je leur inflige un traitement informatique pour les modifer jusqu’à obtenir une série d’interactions de pixels qui explosent et jaillissent, recolorisés et transfigurés en nouvelles identités qui pourtant, nées d’une même matrice, conservent leur âme circulaire. Un tableau engendrant d’infnies mutations, j’en sélectionne certaines, adoptant, comme critère de mon choix, le temps octroyé à la métamorphose. Je les
gèle et les fixe en images, à des moments déterminés par le résultat particulier du processus de transformation des couleurs et pixels.
Les métamorphoses les plus poussées laissent apparaître d’étranges formes de visages ondulants, qui côtoient le reflet des spectateurs et parfois se confondent curieusement avec lui…
Le temps est un des éléments essentiels pour boucler la boucle, fermer le cercle matière/essence, réel/virtuel dans ma recherche de multiplicité identitaire, d’unités différentes issues d’une même origine.

Réflexion sur l’identité
Le contact avec l’ordinateur, les réseaux, le web amène inévitablement à s’interroger sur l’identité. Avec les nouveaux supports de communication, se développent chez les individus les possibles d’une identité multiforme. Je est mille.
Nous ne sommes plus sur la voie d’un individu qui chercherait un reflet unique à son identité. Avec les forums, les «chats», les adresses e-mail, les diverses identités d’un même individu s’éparpillent sur le réseau. Un seul corps, plusieurs noms, mots vides, qui donnent vie à de vieux fantasmes ? S’inventer et adopter d’autres vies, cachés derrière un clavier, une caméra, plus besoin de corps. Sommes-nous sur le seuil d’un nouveau réseau social ?
L’identité, autrefois dictée par la société, est aujourd’hui un terrain à construire par chacun de nous. Le binôme multiplicité-unité se manifeste plus clairement que jamais.

«D’une part, il s’agit du caractère de ce qui est identique, c’est-à-dire d’êtres ou d’objets parfaitement semblables tout en restant distincts; dans ce cas, l’identité est donc le fait d’être semblable à d’autres. D’autre part, elle est le caractère de ce qui est unique et donc qui se distingue et se différencie irréductiblement des autres. L’identité se propose ainsi, au niveau même de sa définition, dans le paradoxe d’être à la fois ce qui rend semblable et différent, unique et pareil aux autres. Elle oscille donc entre l’altérité radicale et la similarité totale»
Edmond Marc LIPIANSKY,(1992), Identité & communication.
Paris, Presses Universitaires de France.

support : rond et recyclé
La découverte et la transformation d’objets abandonnés dans la rue figurent depuis longtemps parmi mes activités favorites. C’est dans cet esprit de recyclage que je cherche les supports de mes installations dans les poubelles, les déchetteries, les casses, sur les trottoirs...
Il me faut des objets ronds, définitivement délaissés et qui bien sûr correspondent à la symbolique de mon projet...
Grâce à l’aimable et providentielle coopération des Studios Eclair et de Centrimage, des piles de boîtes de pellicule de film vidées de leurs histoires se retrouvent dans mon atelier…
A l’origine, contenants de vies théâtralisées, de fausses identités, les boîtes de pellicule deviennent le support de nouvelles mutations. Elles sont bien plus que le support principal des métamorphoses successives : elles font partie intégrante de ces installations tridimensionnelles, présentées selon les cas comme mobiles suspendus, formes statiques sur pied ou modules articulés. D’autres pièces circulaires recyclées s’intègrent à l’oeuvre : roues de moto & de vélo, disques de frein, barres d’acier, pièces mécaniques, chariots de diapositives...
En plus de ces éléments recyclés, j’intègre des cercles de film miroir déformant, au travers desquels le spectateur se reflète et se confond avec ses propres identités mutantes.