PROJET DE VIDEO-INSTALLATION
10 DVD, couleur, diffusés en boucle
1 vidéo-installation 25 écrans plats TV, 7 DVD synchronisés
Réalisation & Montage : Carmen Arrabal
Paris, 2006

Vidéo-installation:
10 écrans plats petits formats (8 pouces)
10 lecteurs DVD (ou minis-écrans avec lecteur de carte flash integré).
20 casques audio.
25 écrans plats TV LCD entre 15 et 17 pouces.
7 lecteurs DVD professionnels (Pioneer DVD-V7300D ou similaire) garantissant la synchronisation des vidéos.
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Simulation de la vidéo-installation

“JE est mille”

A l’ère du post-féminisme la libre expression du désir féminin demeure tabou, réprimée par l’entourage et par les femmes elles-mêmes, entre autres raisons par peur du risque physique qu’elles encourent dans un monde machiste et la réprobation sociale du sexuellement correcte.
Le désir et le sexe sont loin d’être des «instincts animaux», se sont une construction sociale et mentale. Nos fantasmes sont profondément liés à notre vécu, à l’interdit, à ce qui nous est imposé, culturellement.

L’origine de cette série de vidéos est une expérimentation réelle du désir. J’ai commencé à me filmer, vivant avec mon propre corps multiples représentations du désir et des fantasmes sexuels. J’ai utilisé un appareil photo numérique afin de conserver un caractère domestique, non professionnel. Le petit format utilisé pour la présentation des vidéos accentue l’impression de voyeurisme.

Les vidéos, à l’instar de vidéo-clips, durent le temps d’une chanson. Toutes les chansons ont pour thème le sexe ou le désir.
On pourrait les définir comme pornographiques, puisque comme dans le cinéma X, le plan général est suivi d’un ‘close-up’ et vice-versa, de façon répétitive, sans formulation symbolique, dans une profanation obscène de l’anatomie féminine. Le corps fragmenté nous offre l’action même, sans aucune rhétorique. Comme dans le cinéma porno, l’argument disparaît au profit d’une répétition physiologique et hyperréaliste, de variations limitées, dans laquelle se renouvellent infatigablement le désir et ses représentations.

M’observant de la place du spectateur, je ne peux éviter de penser à la facette politique de la sexualité, en l’occurrence la féminine.J’ai l’impression de ne pas me connaître, il n’est pas habituel de voir l’image de son propre sexe, de ses propres pulsions. Mon sexe parle pour moi, sans complexes ni inhibitions. Je sens une charge subversive dans les images et le langage, je dirais, masculin, que j’utilise. En général, les femmes se masturbent moins que les hommes. La vue en premier plan de son propre sexe est souvent imprégnée de connotations négatives, certainement dues à la prohibition d’un plaisir individuel et la prolifération d’images pornographiques auxquelles elles ne veulent pas s’identifier. Elles ont une tendance conventionnelle à parler plutôt d’amour, domestiquant le langage basique et excitant qui monte directement du sexe.

La sexualité, subordonnée à l’ordre établit, est bien définie, codifiée. La libido féminine se définit à travers les fantasmes masculins. Les femmes continuent à être classées selon deux stéréotypes : un être sans sexualité (la vierge, la mère...) ou un être exubérant de sexualité (la libidineuse, la pute, l’amante...) La répression des instincts sexuels favorise la soumission au système social, qui a intégré le sexe en le réduisant à une industrie économique et à un sujet d’éducation exprimé en termes froidement médicaux.

Lorsque le sexe s’exprime sans limite, le «Je social» se dilue en un monde pulsionnel qui transgresse les rôles traditionnels, confondant masculin et féminin, actif et passif, hétérosexuel et homosexuel, espace public et privé, tous les binômes qui régissent la normalité. La maille mentale des fantasmes se désintègre en une sublime sensation : «Je est mille».

Détail mur

Détail
installation mur central

 
LES VIDEOS
#1
Close to me
(Près de moi)
Durée : 3’52’’
Musique : Close to me. The Cure
 
#2
Fantasias de virginidad
(Fantaisies de virginité)
Durée : 4’06’’
Musique : Pleasure Is all mine. Bjork – Medulla
 
#3
In the kitchen
(Dans la cuisine)
Durée : 3’44’’
Musique : Soul kitchen. The Doors
 
#4
Sex is fun
(Le sexe est amusant)
Durée : 4’57’’
Musique : I wan’t your sex. George Michael
 
#5
I’am a love technician
(Je suis une technicienne de l’amour)
Durée : 6’19’’
Musique : Erotica. Madona
 
#6
Desatame
(Détaches-moi)
Durée : 4’25’’
Musique : The Pleasure Song. Marianne Faithfull
 
#7
Geisha dreams
(Rêves de geisha)
Durée : 5’01’’
Musique : Only when I lose myself. Depeche Mode (Dan The Automator Mix)
 
#8
Tus deseos, los mios
(Tes désirs, les miens)
Durée : 4’49’’
Musique : Strangers on a train. Lovage
 
#9
YO es mil
(JE est mille)
Durée : 6’40’’
Musique : Sex (I’m a). Lovage
 
#10
Public enemy
(Ennemie publique)
Durée : 6’02’’
Musique : Me so horny. 2 Live Crew